9 févr. 2011

L'Anvers du décor



Ca ressemble à une peinture de Borremans, la rugosité d'une toile, nappée aux couleurs blafardes et dominée de noirceur, un trait de lumiere pour seul réconfort. Ca ressemble à l'age d'or de Polanski (période Répulsion, le Locataire ou  Rosemary's baby) mais ça louche du côté des Nacho cerda, David Lynch et autres Lars von Trier....et si ça, ce n'est pas un gage de qualité, j'arrête mon blog et je file me mater l'hexalogie des police academy, alors gaffe!...


Primé au NIFFF et au festival Fant-Asia, le film de Pieter van Hees, à l'instar de Tomas Alfredson et de son Morse, crée le buzz de ce début d'année 2011...Belge de corps et de coeur, le réalisateur choisi Anvers et sa "left bank" (rive gauche) pour son décor quasi-organique et sa forêt géométrique,
car tout est affaire d'atmosphere. LA bonne idée, est de faire de l' environnement un témoin muet, au diapason avec l'humeur de l'heroine (excellente Eline Kuppens). Si Marie est maussade, le ciel est gris, le bitume froid et la vegetation inexistante, si marie a le coeur qui bat, le soleil apparait et les rues s'éclaicissent...
Premier volet d’une trilogie sur l’amour et la souffrance (suivront Dirty Mind et The Waste Land), Left Bank impose son contexte fantastico-realisto-social et en devient impermeable, difficile en effet de deviner ou Van Hees veut nous mener.

Rive droite, Marie est une sportive de haut niveau, abandonnée au sacerdoce de la course à pied, filant droit devant en trainant derriere elle le fantome de ce qu'aurait pu être une vie sans privation, sans objectifs, sans fil rouge. Mais Bobby, grand maitre de la guilde des Archers va lui donner l'avant-goût d'une vie plus liberée. Et le rideau de l'astreinte s'entrouvre, l'opportunité d'une maladie sert d'appui à l'évasion stricto-sensu de Marie qui ne cours desormais que vers les bras puissants et rassurants de son nouvel amour. Elle transbahute alors son temps libre au milieu du salon de l'appartement de Bobby, là bas sur la rive gauche...

c'est alors que Marie apprend que l'ancienne locataire de l'appartement a inexplicablement disparue le mois dernier, que dans les caves de l'immeuble subsiste un puit millénaire et que ce côté du pont est au coeur d'une legende celte bien mysterieuse...oui, tout bascule.

La premiere heure s'installe tranquillement et prends le temps avec ses personnages, la camera devient anecdotique et on se retrouve bien souvent dans la position de celui qui espionne honteusement la fenetre de sa si jolie voisine. Car si les sentiments sont retenus, les corps eux sont pernicieux, sans grace et bruts de decoffrage ou le full frontal est de mise mais ne semble jamais gratuit, particulièrement à la fin.

La fin justement. Sans spoiler (jamais), il faut prevenir le spectateur que rien dans ce film ne laisse imaginer une telle séquence, que l'onirisme qui s'en dégage est totalement inédit et le laissera interloqué, le cul dans le fauteuil, la tête dans les lymbes...Deux lectures poindront alors, celle du cartésien qui n'en saisira que le sens et non l'essence, et celle du poête qui,lui, restera étourdit voire interdit devant une scène littéralement Dantesque!


euh...comment on dit merci en belge?

7 févr. 2011

GOOOOOD MOOORNIN' PONTYPOOOOOOOL!



S'il est un genre redondant dans le cinema actuellement, c'est bien le Zombie-Flick.
Znyder ayant ré-ouvert la voie aux trépanés de l'Armée des Morts, reboot énervé du fameux Dawn of the Dead, voici un Romero's like qui n'en est pas un...
Je pose la question, qu'y a t'il de pire que les scenes outrageusement gore, baignée d'hectolitres de sang, concassées aux metacarpes et autres dejections malodorantes?...l'I-MA-GI-NA-TION!
C'est ce que  Bruce McDonald a trés vite compris, histoire de faire la nique aux Saw et autres Hostels, son film sera visceral ou ne sera pas!


Grant Mazzy ( Stephen McHattie le "old nite owl" de Watchmen) est un vieux routard des ondes, deversant sa bile et ses sarcasmes à coups de diatribes homériques, sans sentiments, sans équivoques mais avec talent.
Mazzy, son Whisky et sa voix against the world! Mais le monde va mal, et depuis un certain temps, dans cette bonne vieille ville canadienne de Pontypool, les habitants semblent "intoxiqués" en proie à un virus? une épidémie? un discours politique?
Notre Bourdin à la feuille d'érable, Parole incarnée de milliers d'erres, se retrouve temoin auditif d'une violence soudaine et inexpliquée. Coincé au sous-sol de la station de radio, le grand Grant devient otage d'une emission qui semble partie pour ne jamais terminer...Armé de ses mots, Mazzy évite la peur, contourne la tragédie et tente de rassurer la planète, il lui suffit de parler et tout le monde écoute...


Et si la victime était le bourreau, et si en voulant rassurer, informer, l'animateur devenait la cause de tous les maux, et si Grant Mazzy était , à défaut du prédicateur, le cataliseur...

Grande idée que ce film, Riche scénario en huis clos ou tout peut arriver à partir du moment ou rien n'est montré, simplement suggéré pour au final être asséné, brutalement sur un coin de tête d'un spectateur mené par le bout du nez ...et des oreilles.

Interdit de passer à côté! et en VO, surtout!