1 mars 2011

Enter the Video



Accouchant selon l'usage (en 9 jours) d'une logorrhée indescriptible, il a fallu que j'entre au plus profond de ma tête afin de faire un tri cartésien dans mes petites neurones toutes émoustillées encore, du voyage hallucinogène que viens de m'offrir l'auteur de Seul contre tous.
Deux heures et demie d'envolée fluorescente façon Doomlike dans les entrailles de la cité Tokyoïte, un grand huit sous acide, quelque part entre le repas du soir et le doux réconfort de mon Epéda 180 (celui qui épouse les formes NDLR)

Oscar et sa sœur sont des hakujins, deux étrangers livrés à Tokyo, purs paumés abandonnés au bruit du yamanote et aux nuits aveuglantes.
L'un deale pour payer son loyer quand l'une s'exhibe, peau nue au néon sous les regards lubriques pour quelques billets et un brin d'existence. Pourquoi s'acharner à trouver un emploi quand quelque grammes vous ouvrent les porte de la désinvolture? Pourquoi s'intégrer quand il suffit d'être belle et docile? 
Oscar et Linda sont liés par le sang au serment de ne jamais se quitter, liés par la souffrance à une terrible injustice, et ce fardeau pèse sur leurs épaules au point de ne plus pouvoir relever la tête.
Toujours plus profond, toujours plus sombre, c'est une balle en plein coeur qui stoppera net la descente aux enfers des deux hères.

Alors Oscar pourra s'élever, planer dans un trip ultime, celui là même qui s'entrouvre à chaque prise de DMT, mais cette fois, c'est pour de bon, cette fois, la mort lui ouvre les bras et ce mauvais goût dans la bouche est celui du sang. Oscar n'est plus, mais il reste le vide et ces lumières autours, il reste une ville en dessous, des amis, une sœur et peut être, je dis bien peut être, un espoir.

Initiée avec Irréversible, la caméra de Gaspard Noé se distingue. On se souvient des mouvements presque nauséeux, des ellipses à 180°, et du montage inversé de son second long. Au delà des polémiques et du politiquement correct, Noé nous avait compréssé l'occiput et retourné l'estomac comme jamais. Quitter la salle alors, devenait urgent et rédempteur, mais qu'il ait plu ou non, Irréversible ne s'oubliait pas.

Même schéma pour Enter the Void, difficile de rester connecté 2h30 durant au délire acidulé de l'ami Noé. Puisant la source de son scénario dans les pages du Bardo Thödol, le mythique livre des morts Tibétain, Le réalisateur imagine l'histoire de cet homme qui, mort, se désincarne et survole littéralement le monde des vivants. Cet état lui permettra de suivre les lumières, le plongeant dans le méat virtuel de souvenirs redondants, dévoilant peu à peu l'histoire redoutable imaginée par Gaspard Noé.
Alternant le passé, le présent et le possible jusqu'au cauchemard, Brisant uns à uns les sacro-saints codes du cinéma, Le réalisateur semble une fois de plus parti dans le sens inverse du cinéma de papa, récoltant au passage les foudres des critiques exsangues, qui, babines relevées s'en vont se repaître du festin servi par le réalisateur, pour mieux le châtier. Noé est fou, Noé est dangereux soit disant...Qui sait? En vérité, le Gaspard détonne et dérange, un Bukowski sous amphets en somme...Ouais mec!

Je ne pouvais conclure ce post sans parler de LA révélation du film...Paaaaz de la Huertaaaaaaa, belle à se damner, ingénue au possible et définitivement à suivre.

Bon trip aux audacieux!

Le Duc