17 févr. 2009

La passion de Mickey



"Tu es un grand acteur qui a bousillé sa carrière et que plus personne ne veut engager. Tu feras tout ce que je te dis, tu ne me manqueras pas de respect et tu ne sortiras pas la nuit" c'est ce que Darren Aronofsky a balancé à Mickey Rourke avant de l'engager sur le tournage de The wrestler.

  C'est qu'il en a des "corones" le Darren pour oser parler comme ça à celui que le tout hollywood craint depuis prés de 20 ans. Car, à part les trentenaires, qui a vu Mickey dans un bon film? Qui a vu Mickey en fait?! Cantonné aux mauvais rôles, jetant son nouveau corps bodybuilder en pâture  aux critiques avides des ses frasques hors tournage, de ses errances nocturnes aux côtés de madame bouteille et de madame seringue. Mickey Rourke est un ange déchu, un putain de bon acteur pourtant comme ne tardera pas à le prouver The Wrestler aux yeux du monde.
Mickey fut brillant dans l’année du dragon, esthète face à Kim Basinger dans 9 semaines et demi, tout bonnement  extraordinaire dans Angel Heart,   méconnaissable dans Barfly. Rourke  était promis aux cimes du cinéma américain, Rourke était tout simplement  le meilleur acteur de sa génération.  Mais il y eu le rôle de trop, et ce fût Homeboy.  Ce film qui raconte la déchéance d’un boxeur prêt à mourir sur le ring est finalement très proche de The wrestler,  qui narre  la désillusion et la vie brûlée de Randy Ram ex-catcheur  adulé qui livre son plus gros combat en dehors du ring. Le même fond, le même leitmotiv, mais pas la même chute pour nôtre Mickey. L’un mît l’artiste à genoux, quand l’autre le relève au moment où on le croyait mort.


The Wrestler est une revanche, ce film est un combat mené de front par un Darren Aronofsky aux antipodes de ses précédents métrages.  Ses  film experimentaux, traitant de mathematiques (PI), d’obsessions (Requiem for a dream) et d’immortailté (The Fountain) avaient en commun un style propre à Aro. D’images saturées en dialogues élitistes, de montages frénétiques en décors dantesques, rien ne préparait le réalisateur à la grâce et la minutie de son dernier film. Car au-delà d’un Rourke incroyable de justesse (on a peine à imaginer que c’est un rôle) la camera de Darren pénètre  l’intimité d’un homme brisé, suivant ses moindres faits et gestes sans jamais l’entraver, à la limite du documentaire. Voir la scène bluffante de l’ « entrée » de Randy derrière le comptoir de son nouveau travail, en 2 minutes, Aronofsky nous résume tout le film, sans dialogues, sans musique, et en plan séquence…il y a du génie chez cet homme là.
Contre toute attente, alors que nous espérions le bonhomme sur le tournage du remake de Robocop (voir le post cinefaan « Arocop ») Darren Aronofsky nous livre son Citizen kane, le film de la reconnaissance,  primé d’un Lion d’Or lors de la dernière édition de la Mostra de venise et du golden globe 2009 pour Mr Rourke. Amplement méritépour un film qui  réussit à faire une série de German supplexes, applique le Crippler Crossface et force nôtre respect à coup de Triples H.  

The Wrestler nous casse le dos et tord nos à-prioris sans sommations, mais avec un talent indéniable, une force filmique si rare qu'il vaut la peine de se déléster de quelques euros, même en temps de crise, promis! 

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